Sous le grand saule

Au bord d'un courant d'eau, un majestueux saule au tronc large et fort, fait ombrage de toutes ses branches qui se lamentent. Un peu perdu dans la nature, il règne sur un coin de paradis calme et verdoyant. On peut entendre le clapoti de l'eau, le chant des oiseaux, quelques cigales en saison estivale...
Petit coin discret très connu des couples qui se cherchent un endroit tranquille où roucouler à l'abrit des regards indiscrets, sous le feuillage épais de ce grand saule. Témoin de scènes romantiques, certainement parfois érotiques, sur le tronc de ce vieux saule sont inscrits les prénoms des amants qui depuis la nuit des temps viennent ici immortaliser leurs aventures, leurs amours...
Aujourd'hui j'ai décidé de m'y promener, comme un pèlerinage dans mes mémoires passées. Souvenirs de jeunesses innocentes, ou plus débridées, si le vieux saule pouvait parler à mon sujet, voici un peu ce qu'il pourrait vous livrer...
Je voyais au loin ces deux jeunots roucouler, courant les prés pour venir s'asseoir à mes pieds. Comme si la nature n'était pas assez vaste, c'est sous mon nez que ces deux tourtereaux allaient s'offrir l'un à l'autre. Bien qu'un peu gauche le garçon qui se prenait déjà pour un étalon, pavoisait et charmait la belle demoiselle qui n'avait d'yeux que pour ce bellâtre au bas ventre incandescent. Ils se regardaient, se tournaient autour, à m'en donner le tournis, n'attendant que l'instant où l'autre céderait en premier aux avances et sous-entendus embrasés. Quand il eut fini de parader tel un paon, il plaqua la demoiselle contre mes flancs. Ils s'embrassèrent langoureusement et s'allegèrent de leurs vêtements... Nus à mes pieds ils s'enlacèrent. Le jeune homme semblait avoir autant de mains que moi de branches, la pauvre ingénue, ne savait plus où donner de la tête et lui tout excité, ne savait plus à quels seins se vouer... Leur désir ardent allait grandissant, électrisant l'air, comme si toute la nature retenait son souffle le temps de leurs ébats... Reprenant leurs esprits, ils se baignèrent un instant dans la rivière. Me laissant un peu de répit avant d'inscrire leurs initiales sur mon écorce déjà vieillie.
C'est ainsi que prit fin leur escapade amoureuse sous mon ombrage, leur servant d'abri, de chaperon, de témoin discret. Derrière eux se referment comme les rideaux d'une scène mes branchages verdoyant...
M.C.

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