Soirée Guinguette

Il n'était pas prévu que je sorte ce soir, mais par-delà les fenêtres ouvertes, j'entends une douce musique festive et entraînante, qui attire mon attention. 
Un coup d'œil sur les réseaux locaux et je vois qu'il s'agit d'une guinguette éphémère. Je décide de m'y rendre à pieds tellement les sons me paraissent proche et de profiter de la soirée.

Arrivé sur place, déjà pleins de gens se sont rassemblés, assis sur des ballots de paille, ou dans l'herbe, d'autres dansent près d'une scène où quelques musiciens assurent l'ambiance sous des guirlandes lumineuses colorées. L'instant est joyeux, léger, festif. Une belle atmosphère de convivialité, où se mêlent amis, familles et voisins, retrouvés pour savourer de belle planches apéritives et du bon vin.

Les gens discutent, rient, chantent. Sur la piste de danse, les robes virevoltent, les rires s'envolent, dans une scène sortie d'un autre temps. Puis au milieu de cette foule festive, un regard... Un regard doux et intense qui me fixe un instant, comme si la course du temps s'était suspendue. Derrière ce regard, une femme exquise, en robe fleurie, un large sourire illumine son visage, ses longs cheveux flottent dans l'air. Elle se tient là, pieds nus, immobile, à me regarder en souriant. Puis la foule nous entraîne et elle disparaît dans cette joyeuse farandole. Je la chercher du regard, sans succès. Je me demande si ça n'est pas simple le fruit de mon esprit, une illusion fugace.

Un verre de moelleux à la main, je me dandine au rythme de la musique, me lançant transporter par ces belles mélodies. Je sens comme une présence derrière moi, un parfum délicat s'invite à mes narines et une voix douce et suave parvient à mes oreilles...
- M'inviteriez-vous à danser ?
La jeune femme au regard de braise se tient là, tout près de moi. Elle est encore plus belle que ce que j'avais pu voir tout à l'heure à travers la foule dansante. 

Un instant subjugué, puis je saisis la main qu'elle me tend, et elle m'entraîne en souriant sur la piste. Nos mains se joignent, et la musique semble s'être emparée de nous. Les pas fluides et élégants, nous dansons au milieu de la piste comme si rien autour n'existait. Transportés par la mélodie et les rires, ce ballet de nos deux corps qui s'attirent, se frôlent, se meuvent avec grâce, nous fait remarquer par la foule qui nous regarde danser. Tous les yeux sont rivés sur nous et si d'ordinaire ça m'aurait intimidé, à cet instant précis, rien ne compte plus que cette complicité naissante qui est en train de se produire entre la Belle inconnue et moi.

Après plusieurs danses, nos corps se figent, on s'observe, se contemple, nos doigts s'entremêlent, et l'alchimie opère. Je n'ose rien dire, je ne saurais même pas quoi dire d'ailleurs. Je ne connais rien d'elle et pourtant cette connexion semble comme une évidence. Tu me souris, moi aussi et nous nous éloignons de la fête, laissant libre la piste de danse et derrière nous les sons de la musique s'estompent à mesure qu'on s'éloigne. Nous marchons sans but à travers champs. La soirée est bien avancée, la lune éclaire les vignes et sans dire un mot, nous marchons main dans la main, jusqu'à trouver un petit coin au bord de l'eau où nous assoir. Nous regardons l'horizon, la lune se reflète à la surface du ruisseau qui coule à nos pieds, et une légère brise rafraîchit l'air de cette chaude nuit d'été.

Tu poses ta tête sur mon épaule, prends ma main dans les tiennes et je sens ton regard se poser sur moi avec beaucoup de douceur. Je te regarde, mon cœur est comme après une course effrénée, bondissant de ma poitrine. Je m'aventure à rompre le silence en te donnant mon nom, mais tu te contente de me regarder en souriant. Tu poses ta main sur mon visage, tes yeux brillent de mille feux. Lentement tu t'avances vers moi, puis au bord de mes lèvres, tu passes délicatement le bout de ta langue. Tu ris et mon Dieu que tu es belle quand tu ris. Et sans toujours prononcer un mot, tu m'embrasses.
Tes lèvres ont presque un goût de miel, la saveur exquise d'une friandise. Tu passes tes mains sur mes épaules, tu défais un à un les boutons de ma chemisette et glisses tes mains fraîches sur mon torse chaud. Je sens ma peau qui frissonne et ma respiration qui s'accélère. Tu te penches sur moi, et place ton oreille sur mon torse pour écouter battre mon cœur. Tu restes là quelques instants, tes doigts fins font des dessins dans mon dos, puis tu me sers tout contre toi, me prenant dans tes bras. Tout deux envouté l'un par l'autre, on sent naître le désir de s'offrir, de partager du plaisir. Juste profiter de l'instant, savourer le moment...

Alors nos corps se dénudent lentement, se découvrent avec pudeur, se parcourent avec douceur et tendresse. Puis sous cette lune étincelante, nous faisons l'amour au bord de l'eau. Deux inconnus qui sont tombés sous le charme, qui sans pourtant se connaître ouvrent leur âme. Complicité naturelle, respect mutuel, étreintes sensuelles. Tout nous conduisait à assouvir cet irrépressible désir charnel. Fougue, passion et tendresse, ont rythmé nos ébats nocturnes, jusqu'à resté blottis l'un contre l'autre, observant à nouveau l'horizon et les couleurs chatoyantes du levé du jour.

Je me suis endormi avec la délicieuse odeur de ta peau. Et à mon réveil, tu n'es plus là. Disparue, comme tu m'es apparue. Je trouve un simple mot près de moi, et écrit d'une belle plume :
"Merci pour cette sublime nuit...
À très vite de retrouver tes bras et tes baisers"
Sans un nom, et pour seule signature, l'empreinte d'un baiser au rouge à lèvres.

Je reste là, pensif, le cœur un peu lourd et à la fois rempli d'un espoir un peu fou. Celui de te revoir...

M.C.

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